Sommaire
Dossier de presse
Présentation de la galerie
des Minimes
Agence Studiolo
Edito
Lou Ros,
Agence Studiolo
Edito
Max Coulon,
Agence Studiolo
Communiqué de presse
Alexandre Bavard, Bad Ems, galerie Romero Paprocki
Agence Studiolo
Communiqué de presse
Marion Flament, Combler le jour, galerie Romero Paprocki
Agence Studiolo
Présentation de la galerie des Minimes
A quelques encablures du bourdonnement de la place des Vosges, se trouve la galerie des Minimes. La galerie qui a éclos au printemps 2023, a pignon sur rue. Comme un secret qui se chuchote, c’est un de ces écrins qu’on découvre au hasard et qu’on croit surprendre. Pour autant, à s’approcher un peu, la vitrine comme échaudée, vibre des trépidations intérieures. Une énergie créative, magma habilement contenu, est palpable. Et chaque détail est pensé pour capter l’œil et le cœur de celui qui a osé y regarder de plus près.
La galerie a été fondée par deux artistes photographes : Olga du Saillant et Félix Cholet. A l’aube de la vingtaine, le duo de galeristes élabore un discours avec un cran et une fougue propre à la jeunesse pour présenter des expositions pointues et incisives. Cette jeunesse n’est pas une légèreté. Olga et Félix ont baigné depuis toujours dans l’Art. Olga du Saillant, a grandi près des œuvres de Dieter Appelt, bercée par les transports romantiques de Serguei Rachmaninoff, et Félix Cholet a aiguisé son regard en observant consciencieusement son père créer.
Les œuvres qui sont exposées palpitent en noir en blanc. Ce sont des photographies souvent, mais aussi des dessins ou des sculptures dont les galeristes font valoir le pouvoir narratif. Le minimalisme qui s’affiche depuis la vitrine, présente une esthétique délicate et harmonieuse. Cette épure, douceur formelle, révèle en fait une intensité profonde et sourde. Les créations présentées dans la galerie des Minimes ont la pesanteur des choses vraies et immuables. La poésie est là pour lier et sublimer les contrastes, pour contempler avec hauteur les vérités inflexibles. Tel est le parti pris.
Il faut dire que les aspirations et les résolutions des galeristes s’élaborent dans le choc des cultures car si l’un regarde à l’Orient, l’autre pointe l’Occident. Ainsi, Olga s’inspire largement du Japon, d’où elle tire son plaisir de l’équilibre, de la forme juste et du geste net. Tandis que Félix, d’origine argentine, puise dans ses nombreux voyages et fait valoir un regard sensible et brut sur la nature, sur la main qui s’abîme à créer et qui en devient plus belle. Ces deux caractères s’accordent dans une même impulsion créatrice et tendent à nouer un lien viscéral et sensible avec le monde par le prisme des Arts Plastiques.
Les galeristes photographes conjuguent les postulats pour toucher au mieux au cœur du spectateur. La proximité qu’ils élaborent avec les artistes qu’ils présentent permet de ne rien perdre de la portée de chaque création. Et pour ancrer plus encore leur démarche, un livre est publié pour chaque exposition. Ce n’est pas un catalogue qui listerait les œuvres et donnerait volontiers les détails techniques de chacune, mais bel et bien un livre poétique qui donne la voix à différentes plumes. Les discours croisés sur les œuvres exposées suffisent pour faire mémoire.
Rêveurs sans bornes, épousant l’absurde et les énigmes existentielles impétueusement, Olga du Saillant et Félix Cholet sont deux acteurs de l’Art à suivre !
Olga du Saillant et Félix Cholet, ©Ted Belton
Edito
Lou Ros
Créer des œuvres, tisser des liens
A vrai dire, Lou Ros est le spécialiste du pas de côté : il se détache des modes et de la doxa. Il crée en suivant son intuition. Dès lors, le cadre épouse la forme de ses volatiles qu’il nomme avec humour Cuicui. L’art n’est pas un carcan étriqué. Au contraire, l’approche est légère. Cette légèreté n’est pas une désinvolture ni un aveu de superficialité. Elle est une manière de communiquer mieux, de rendre accessible le discours.
Car le peintre valorise les échanges : ses œuvres taquinent l’imaginaire. Il joue avec l’abstraction pour créer les conditions favorables au débordement de l’imagination. Dans ce contact, les personnalités se révèlent. Il importe peu alors, de savoir si cette forme qui plane au-dessus du paysage est un nuage lourd ou le dôme d’un mont dont la base aurait disparu. De fait, Lou Ros cultive le flou. On s’immerge dans l’image. Elle est un cheminement ou une quête quand ce qu’on y projette se dérobe.
L’ode à la nature
La main de l’artiste a cessé de créer pour pointer vers elle-même. A l’ère de l’anthropocène, le plus beau paysage est encore celui de la nature : Lou Ros efface de ses créations la présence des hommes. Le monde est comme intact, aucune technologie n’est visible.
Ici, la beauté est surtout une affaire de couleur. Les tons se complètent et s’entrechoquent. Le vert clair flanqué d’un anthracite grave, s’affermit, il clame sa tendresse et la vigueur du gris qui l’accompagne. Les segments pales racontent l’aveuglement. Tandis que la ligne d’horizon, immuable, comme une signature, tranche. Elle est le point de tension de chaque paysage. Et elle induit un hors-champ pris en charge par l’imagination des spectateurs.
Pour rendre compte du spectacle de la nature, le jeune homme peint en strates, tout en transparence, avec différentes techniques. Il utilise le pastel, l’acrylique et le spray. Les couches qui se recouvrent offrent toujours une profondeur. Ce pourrait être l’illustration scientifique d’une découpe sédimentaire comme l’enchevêtrement des variations de couleurs de la flore qui s’agite au vent. Les épaisseurs de couleurs rendent compte de la complexité épatante de la nature.
En somme, l’art de Lou Ros aborde l’écologie de manière décomplexée et décomplexante. A mi-chemin entre la figuration et l’abstraction, c’est une révérence faite à la nature.
Lou Ros, Cuicui 11, 200x130, 2021, © Lou Ros
Edito
Max Coulon
Les idoles drôlatiques
La joyeuse troupe des sculptures de Max Coulon défile devant des sourcils qui s’arc-boutent. Il faut dire que l’artiste, diplômé des Beaux-Arts de Paris, élabore un bestiaire nouveau. Ses créatures sont composées, hybrides, comme ressuscitées parfois. C’est une étonnante cohorte d’animaux et d’objets anthropomorphes.
Non sans humour, Max Coulon crée des personnages patauds, dégingandés. Ce sont des pastiches des peluches et des protagonistes de nos enfances. Ce sont ces formes qu’on a pu dessiner et colorier sur les bancs de l’école en se concentrant pour ne pas dépasser. Elles parlent ainsi à tout le monde.
Spécialiste du détournement, le sculpteur façonne le bois ou le béton comme une pâte à modeler : les bras et les jambes sont deux boudins qui s’étirent. Puis il joue avec la matière. Le béton qui forme la partie inférieure du corps de plusieurs de ses personnages imite l’effet du tissu en velours des pyjamas de bébés. Cette autre sculpture est ventripotente. Sa bedaine s’affaisse ; ici, le béton paraît si mou. L’artiste pousse le réalisme. Là, il chausse un âne avec de véritables bottes de cavaliers qui forment ses pattes. Les semelles baillent, elles ont fait du chemin.
Exhiber les coutures
Loin des canons de la sculpture antique qui prônent l’illustration d’un idéal de beauté où le geste du sculpteur s’efface pour se faire oublier, Max Coulon réalise ses modèles comme des puzzles, il en exhibe les jointures. Ses œuvres sont composées d’éléments disparates. Il est ainsi aisé de distinguer les différents morceaux des corps de ses personnages. A l’opposé de Praxitèle, l’artiste laisse les fils apparents. Plus encore, il expose les cassures et les heurts. Ses créations sont érigées dans la fracture. Elles ont eu plusieurs vies.
La tête, siège de l’identité, de la reconnaissance, est posée sur le corps. Elle a souvent une couleur différente. Il s’agit d’un masque parfois, placé sur des corps indistincts. Leurs teintes douces ôtent un peu de gravité aux cicatrices. Max Coulon est un Frankenstein qui soigne l’esthétique.
Cultivant l’hétéroclite, les parties du corps ne subissent pas le même traitement. Le corps est brut comme une ébauche, première forme qu’on couche sur le papier. La tête par contre, est détaillée : les traits fins s’incrustent dans le béton, on devine la texture de la peau. L’approche est naturaliste.
Avec le bois, le sculpteur va plus loin encore, les coups de burin qui ont permis de façonner les pieds de ses personnages sont exposés. La peau n’est jamais lisse. Le geste de création est ancré dans les chairs. L’œuvre donne à voir le processus de création, de l’élaboration au résultat final.
Les êtres étranges de Max Coulon expriment la rencontre troublante du monde de l’enfance - ludique, tout en ronds, en mines rieuses et inoffensives - et le monde des adultes qui connaît les cicatrices, qui continue d’évoluer et s’élève avec les failles. Le sculpteur va droit au but, sans fioritures. Il exprime avec une économie de moyens notable, un geste net, tout ce que cette rencontre remue en nous.
Max Coulon, Flip side, 2023 © Nosbaum Reding
Communiqué de presse
Alexandre Bavard,
Bad Ems,
galerie Romero Paprocki
La comédie humaine :
des masques qui collent à la peau
Du 10 février au 20 mars 2024, la galerie Romero Paprocki présente l’exposition personnelle d’Alexandre Bavard intitulée Bad Ems. Alliant les arts plastiques aux arts scéniques, cette exposition est théâtrale. L'art d'Alexandre Bavard célèbre l'énergie brute de la société. Lors de cette exposition, le spectateur sera zieuté par une foule de masques de théâtre antique, écaillés et réparés et de personnages saisissants. L’artiste revisite les mythes et l’Antiquité pour présenter autrement la notion de justice. Cet échange de coups d’œil permet d’abolir le temps pour saisir l’engagement social qui est l’essence de l’Homme.
L’art d’Alexandre Bavard est un art total, seul capable d’embrasser la société sans en trahir l’image, seul capable d’en capter l’énergie sans la minorer. Car ce qui compte, c’est l’énergie. Bien que ses œuvres semblent décharnées et les formes qu’il porte au nu sont esquintées, elles expriment la vitalité à travers la déchirure et la lutte. Dans l’extrême, on sent battre le pouls. Alexandre Bavard, dans les points de tensions et la violence, chante la puissance et saisit mieux la vie.
Pour un art total
Alexandre Bavard a une patte très reconnaissable : il accorde les différentes meurtrissures des corps offensés et compose un chant à partir du chaos.
Son art est total. Il est semblable au Gesamtkunstwerk, un courant artistique allemand, porté notamment par Richard Wagner dans les premières années du XXème siècle. Cet art refusait le cloisonnement qu’il jugeait mortifère : en distinguant les arts, l’artiste ne présente que des fragments de vie. L’art total est plus ambitieux. Il tend à en illustrer toutes les facettes en un coup, pour unifier dans la représentation l’art et la vie. Alexandre Bavard, développe cette pensée et tend à en saisir la chaleur et le caractère pur. Pour cela, il multiplie les medium : il taggue, dessine, colle, sculpte et performe.
Le graffiti : le premier amour dure toujours
Pour autant, le graffiti est son premier amour. Il n’a d’ailleurs jamais quitté son pseudonyme Mosa87, qu’il utilise quand il taggue. Ainsi, l’âme de la rue habite encore ses créations, le geste du taggeur s’inscrit toujours dans sa pratique. Il voit dans ce geste d’ailleurs, une chorégraphie qu’il reproduit et développe dans ses œuvres. Et puis, il rencontre ses muses dans la rue : c’est là qu’il collecte les objets délaissés et les images qu’il fixe dans le silicone.
La ville comme scène et sujet
Dans cette exposition, la rue a encore son mot à dire : les œuvres d’Alexandre Bavard sont composées ou recomposées à partir d’une mousse qui s’expand qui rappelle la pratique de l’aérosol. Sillonnant la ville, l’artiste observe la comédie humaine, et transpose le jeu social dans le domaine plastique. Il se focalise sur les points de tension. Bad Ems vante les déchirures car les chairs mutilées expriment mieux une vie en plusieurs actes. Elles montrent ce qui a été et ce qui est. Le flux vital est ce qui meut l’artiste.
Les coups de théâtre
Les œuvres exposées, comme un deus ex machina, ménagent des coups de théâtre. Ceux-ci ne sont pas seulement pensés pour « amuser la galerie », mais bien pour mettre le doigt sur un engagement social, violent souvent, qui est au cœur de la pulsion de vie. Il s’est notamment inspirée d’Antigone de Sophocle, figure de résistance héroïque, à corps perdu dont on voit les résurgences dans les visages défaits. L’artiste multiplie ces figures, il crée un drôle de chœur qui, cette fois-ci, ne fustige plus l’hubris. Parce que l’hubris, la passion à son comble, est un bouillonnement qui concentre l’énergie de vie.
L’art du décalage
En effet, l’artiste se plait à opérer des déplacements. Voilà sa poesis : sa création est une récréation, un déplacement nécessaire qui permet de mieux saisir l’image de la vie. Sans ciller, le personnage bouffon jettera sa réplique à la face de Zeus. Les mythes sont rejoués, les cartes sont rebattues. La catharsis prend forme, à nouveau. Et Alexandre Bavard lui donne plus de vigueur en y ajoutant une touche d’absurde et d’humour. Car les êtres décharnés ne sont pas tout à fait morbides : ils sont drôles. Enfin, le décalage est inscrit aussi dans le choix du matériau. La mousse expansive, utilisée dans le bâtiment, crée des formes intestines et permet de désamorcer le drame : elle le rend plus digeste, bien qu’elle mette les tripes à nu.
L'exposition Bad Ems offre de jolis coups de théâtre. Ils sont un divertissement, mais ils illustrent surtout un engagement social, image franche d’une pulsion de vie. Les points de tensions inscrits dans la peau des personnages exposés, génèrent une réaction. La déchirure est un mouvement, alors elle n’affaiblit pas seulement, elle concentre l’énergie. L’art d’Alexandre Bavard prend de l’ampleur dans les décalages : l’artiste qui altère les références communes écorche les mythes pour réviser la notion d’héroïsme, et montrer cru l’énergie.
Alexandre Bavard, Bad Ems, © Allison Borgo
Communiqué de presse
Marion Flament,
Combler le jour,
galerie Romero Paprocki
Marion Flament, A sombra do cavalo, 2023,
© Hugo David
Au-delà du visible
Du 23 novembre 2023 au 11 janvier 2024 , la galerie Romero Paprocki présente Combler le jour, le solo show de Marion Flament. L’artiste matérialise la lumière à travers différents médiums. Brûlure qui fait fondre ou rayon qui traverse, la lumière marque et révèle. L’élan théâtral de la mise en scène ménage une place particulière à l’histoire du temps qui passe, des images qui l’habillent et le hantent.
Marion Flament aime jouer sur les mots. D’une part, elle fouille les ambivalences du jours. Dans cette exposition Combler le jour, Marion Flament approche le jour à travers l’une de ses acceptions : celle du vide, du petit trou, matière ajourée qui laisse passer la lumière dont on tire des formules poétiques.
Mais elle s’appuie aussi sur la polysémie du mot combler qui désigne de proche en proche les combles : cette partie de nos maisons où la lumière retenue, filtrée, éclaire les objets oubliés. Empreinte du passé, les choses entreposées sous les toits pêlemêle, continuent d’exister. Ce sont nos fantômes, enfouis dans nos maisons et comme dans nos mémoires. Aussi, l’artiste file volontiers l’analogie : si l’anatomie de nos logis ressemblent à la structure du corps humain, alors les combles, tout au sommet, sont notre esprit, soit la place de notre imaginaire.
Ainsi, hantées par nos présences, les maisons sont les racines et les identités de ceux qui les habitent. Elles syncrétisent ce qui fut et ce qui est. Pour cette exposition, Marion Flament met en scène ses œuvres à l’orée de cette multiplication des sens. Toutes les créations se complètent et se répondent pour reconstituer dans la lumière, tout un habitat. C’est un projet d’envergure.
La porte d’entrée, point de jonction entre ce qui est caché et ce qui est révélé, est ornée d’une œuvre en verre coulant qui capte la lumière : le ton est donné, la lumière, agent révélateur, éclaire le passé, le passage et la métamorphose.
Dans la grande salle, les œuvres de Marion Flament prennent de l’ampleur et s’accordent à l’architecture de la galerie. Une grande installation en verre peint est accolé à la baie vitrée. La lumière est filtrée par la couleur, elle change l’atmosphère et donne un tour théâtral à la reproduction d’une portion de charpente. Et, pour prendre encore un peu plus de hauteur et surplomber le passé, l’artiste place tout près une échelle.
Marion Flament cherche les effets de contraste. Elle illustre les points de tension qui mettent en valeur les deux parties qui s’opposent. De fait, le haut et le bas, l’ombre et la lumière se répondent. Aussi, la lumière qui rencontre les objets génère une autre forme. Voilà l’ombre. L’image est complète. Mais alors que regarder ?
Dans la pièce plongée dans l’obscurité, les créations de l’artistes sont suspendues. Elles sont parcourues par les rayons du film projeté. L’œil est naturellement attiré par la lumière. Mais, rapidement, il s’en détourne pour regarder les ombres. Elles font le spectacle, elles dansent. Les ombres sont le sujet, empreinte d’un passage, synthèse de la lumière et de l’œuvre.